Книга «Старик и море» (Le Vieil Homme et la mer) на французском языке – читать онлайн |
Повесть «Старик и море» (Le Vieil Homme et la mer) на французском языке – читать онлайн. Самую известную свою книгу Эрнест Хемингуэй написал в 1952-м году. Повесть «Старик и море» вышла сначала в журнале Life (за 2 дня было продано более 5 миллионов экземпляров), затем вышла отдельной книгой, и также был огромный успех. В следующем году за повесть «Старик и море» Эрнест Хемингуэй получил престижную Пулитцеровскую премию, а ещё через год стал лауреатом Нобелевской премии по литературе. Книна «Старик и море» была переведена на многие самые распространённые языки мира (в том числе и на французский). Некоторые другие книги, которые написал Эрнест Хемингуэй, а также произведения наиболее известных писателей всего мира, можно читать онлайн в разделе «Книги на французском языке». Для детей будет интересным раздел «Сказки на французском языке». Для тех, кто самостоятельно изучает французский язык по фильмам, создан раздел «Фильмы на французском языке с субтитрами», а для детей есть раздел «Мультфильмы на французском языке». Для тех, кто хочет учить французский не только самостоятельно по фильмам и книгам, но и с опытным преподавателем, есть информация на странице «Французский язык по скайпу».
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Le Vieil Homme et la mer
Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau qui pêchait au milieu du Gulf Stream. En quatre-vingt-quatre jours, il n’avait pas pris un poisson. Les quarante premiers jours, un jeune garçon l’accompagna; mais au bout de ce temps, les parents du jeune garçon déclarèrent que le vieux était décidément et sans remède salao ce qui veut dire aussi guignard qu’on peut l’être. On embarqua donc le gamin sur un autre bateau, lequel, en une semaine, ramena trois poissons superbes. Chaque soir le gamin avait la tristesse de voir le vieux rentrer avec sa barque vide. Il ne manquait pas d’aller à sa rencontre et l’aidait à porter les lignes serrées en spirale, la gaffe, le harpon, ou la voile roulée autour du mât. La voile était rapiécée avec de vieux sacs de farine; ainsi repliée, elle figurait le drapeau en berne de la défaite. Le vieil homme était maigre et sec, avec des rides comme des coups de couteau sur la nuque. Les taches brunes de cet inoffensif cancer de la peau que cause la réverbération du soleil sur la mer des Tropiques marquaient ses joues; elles couvraient presque entièrement les deux côtés de son visage; ses mains portaient les entailles profondes que font les filins au bout desquels se débattent les lourds poissons. Mais aucune de ces entailles n’était récente: elles étaient vieilles comme les érosions d’un désert sans poissons. Tout en lui était vieux, sauf son regard, qui était gai et brave, et qui avait la couleur de la mer. — Santiago, - dit le gamin tandis qu’ils escaladaient le talus après avoir tiré la barque à sec, je pourrais revenir avec toi maintenant. On a de l’argent. Le vieux avait appris au gamin à pêcher et le gamin aimait le vieux. — Non, dit le vieux, t’es sur un bateau qu’a de la veine. Faut y rester. — Mais rappelle-toi quand on a passé tous les deux vingt-sept jours sans rien attraper, et puis tout d’un coup qu’on en a ramené des gros tous les jours pendant trois semaines. — Je me rappelle, - dit le vieux. Je sais bien que c’est pas par découragement que tu m’as quitté. — C’est papa qui m’a fait partir. Je suis pas assez grand. Faut que j’obéisse, tu comprends. — Je sais, - dit le vieux. C’est bien naturel. — Il a pas confiance. — Non, - dit le vieux. Mais on a confiance, nous autres, hein? — Oui, - dit le gamin. Tu veux-t-y que je te paie une bière à la Terrasse? On remisera tout ça ensuite. — C’est ça, - dit le vieux. Entre pêcheurs. Ils s’assirent à la Terrasse où la plupart des pêcheurs se moquèrent du vieux, mais cela ne l’irrita nullement. Les autres vieux le regardaient et se sentaient tristes. Toutefois ils ne firent semblant de rien et engagèrent une conversation courtoise sur les courants, les fonds où ils avaient traîné leurs lignes, le beau temps persistant et ce qu’ils avaient vu. Les pêcheurs dont la journée avait été bonne étaient déjà rentrés; leurs poissons ouverts étaient étalés sur deux planches, que quatre hommes, un à chaque bout, portaient en vacillant jusqu’à la pêcherie; le camion frigorifique viendrait chercher cette marchandise pour l’amener au marché de La Havane. Ceux qui avaient attrapé des requins les avaient livrés à «l’usine à requins», de l’autre côté de la baie, où l’on pend les squales à un croc, pour leur enlever le foie, leur couper les ailerons, et les écorcher. Après quoi leur chair débitée en filets va au saloir. Quand le vent soufflait de l’est, l’odeur de «l’usine à requins» remplissait le port; ce jour-là il n’en arrivait qu’un faible relent, car le vent, après avoir tourné au nord, était tombé. Il faisait bon, au soleil, sur la Terrasse. — Santiago, - dit le gamin. — Quoi? - dit le vieux. Il tenait son verre à la main et songeait aux jours anciens. — Veux-tu que j’aille te pêcher des sardines pour demain? — Non. Va plutôt jouer au base-ball. Je peux encore ramer et Rogelio lancera le filet. — J’aimerais bien, pourtant. Comme j’ai plus le droit de pêcher avec toi, alors je cherche à t’aider autrement. — Tu m’as payé à boire, - dit le vieux. T’es déjà un homme. — Quel âge que j’avais quand tu m’as emmené dans un bateau pour la première fois? — T’avais cinq ans et t’as bien failli y rester! Tu te rappelles quand j’ai amené le poisson sans l’avoir assez fatigué et qu’il a manqué démolir toute la boutique? — Tu penses que je me rappelle! Il donnait des coups de queue et ça faisait un de ces raffuts! Et puis le banc qui a cassé; toi, tu flanquais des coups au poisson, et puis tu m’as basculé à l’avant, en plein dans les paquets de lignes mouillées; je sentais le bateau qui tremblait, je t’entendais cogner à toute force comme si tu coupais un arbre; et puis je me rappelle l’odeur du sang qu’était tellement fade. — Tu te rappelles vraiment tout ça, ou bien c’est moi qui te l’ai raconté? — Je me rappelle tout ce qui s’est passé, depuis la première fois qu’on est sorti ensemble. Le vieil homme le regarda de ses bons yeux confiants, pâlis par le soleil. — Si t’étais mon fils, je t’emmènerais avec moi et je risquerais le coup, - dit-il. Mais t’as ton père et ta mère, et t’es dans un bateau qu’a de la veine. — Tu veux pas que je m’occupe des sardines? Je pourrais même trouver quatre appâts. Je sais où. — J’ai encore les miens d’aujourd’hui. Je les ai mis au sel dans la caisse. — Tu veux pas que je t’en apporte quatre frais? — Rien qu’un, -dit le vieux. Son espoir, sa confiance n’avaient jamais faibli, mais, à la fin, s’amenuisaient comme une brise qui tombe. — Deux, - insista le gamin. — D’accord pour deux, - dit le vieux. Tu les as pas volés, au moins? — Que je me gênerais! - dit le gamin. Non, je les ai achetés, ceux-là. — Merci, mon p’tit, - dit le vieux. Quand le vieil homme avait-il atteint l’humilité? Il était bien trop simple pour le démêler. Mais il savait qu’il l’avait atteinte. Il savait que ce n’était pas honteux. Sa vraie fierté, il ne l’avait nullement perdue. — On aura une bonne journée demain avec ce courant-là, - dit-il. — Où c’est-y que tu vas aller? - demanda le gamin. — Le plus loin que je pourrai, pour rentrer quand le vent tournera. Faudrait que je sois au large avant qu’il fasse jour. — Je m’arrangerai pour que le patron il aille aussi au large, - dit le gamin. Comme ça, si t’attrapes quelque chose de vraiment gros, on s’amène et on te donne un coup de main. — Il aime pas sortir trop loin, le patron. — C’est vrai, - dit le gamin. Mais je m’arrangerai pour voir un truc que lui il ne pourra pas voir: un oiseau, tiens, par exemple, en train de manger. Il croira qu’il y a des dorades, et en avant! — Il y voit pas plus clair que ça? — Il est quasiment aveugle. — Ça c’est curieux, - dit le vieux. Pourtant il a jamais pêché la tortue, ton patron. C’est ça qui vous tue les yeux. — Mais toi, t’as pêché la tortue des années, du côté de la Côte des Moustiques et t’as de bons yeux. — Je suis un drôle de bonhomme. — Est-ce que tu crois que tu serais encore assez fort pour en ramener un gros, un vraiment gros? — Il me semble. Et puis il y a des tas de feintes. — Ramenons toujours tes affûtiaux à la maison, dit le gamin, je prendrai le filet à sardines, comme ça je pourrai pêcher un coup. Ils ramassèrent les agrès de la barque. Le vieil homme avait le mât sur son épaule, le gamin portait la caisse qui contenait les lignes brunes en tresse serrée lovées sur elles-mêmes, la gaffe et le harpon. Le seau aux appâts était sous l’appontement, à la poupe, ainsi que le gourdin qui servait à assommer les grands poissons quand ils étaient amenés à flanc de barque. Personne n’aurait rien chipé au vieux, mais c’était plus prudent de ranger la voile et les grosses lignes auxquelles la rosée ne valait rien. Les gens du pays, bien sûr, respectaient les affaires du vieux, mais il ne faut tenter personne avec une gaffe et un harpon abandonnés dans un bateau. Ils marchèrent côte à côte jusqu’à la cabane du vieux, dont la porte était ouverte. Le vieux appuya contre le mur le mât entouré de sa voile; le gamin déposa à côté la caisse et les autres objets. Le mât touchait presque au plafond de la cabane. Celle-ci, composée d’une seule pièce, était construite avec cette matière dure surnommée guano et qui n’est autre qu’un assemblage d’écorces de palmier royal. Elle contenait une table et une chaise. On faisait la cuisine sur un réchaud à charbon de bois posé à même le sol en terre battue. Sur les parois brunes, où pointaient çà et là les feuilles aplaties du guano à la fibre résistante, étaient fixées deux gravures en couleurs: le Sacré-Coeur de Jésus et la Vierge de Cobre. C’étaient des souvenirs de sa femme. Le mur autrefois s’ornait d’une photographie en couleurs de l’épouse elle-même, mais le vieux, quand il la regardait, se sentait encore plus seul. Il l’avait rangée sur l’étagère du coin, sous sa chemise de rechange. — Qu’est-ce que t’as à manger? - demanda le gamin. — Une potée de riz au safran avec du poisson. T’en veux? — Non. Je mangerai à la maison. Tu veux-t-y que je fasse du feu. — Non. J’en ferai plus tard. Peut-être que je mangerai le riz froid. — Je peux-t-y prendre le filet à sardines? — Bien sûr. Il n’y avait pas de filet à sardines; le gamin se rappelait fort bien l’époque où il avait été vendu. Mais ils jouaient cette petite comédie tous les jours. Il n’y avait pas davantage de riz au safran ni de poisson. — Quatre-vingt-cinq, c’est un bon chiffre, - dit le vieux. Qu’est-ce que tu dirais si tu me voyais en ramener un qui pèserait une demi-tonne, dans ma frégate? — Je prends le filet et je vas aux sardines. Pourquoi que tu t’assoirais pas au soleil devant la porte? — C’est ça. Je vais lire la page de base-ball dans le journal d’hier. Le gamin ne savait pas si le journal d’hier faisait partie de la comédie. Mais le vieux alla le tirer de dessous son lit. — C’est Perico qui me l’a donné à la bodega, - dit-il en manière d’explication. — Je reviendrai quand j’aurai les sardines. Je mettrai les tiennes et les miennes dans la glace, et demain matin on partage. Quand je me ramènerai, tu me raconteras tout ce qu’y a sur le base-ball. — Les Yankees peuvent pas perdre. — Moi, j’ai peur des Indiens de Cleveland. — Aie confiance dans les Yankees, mon enfant. Pense au grand Di Maggio. — J’ai peur à la fois des Tigres de Detroit et des Indiens de Cleveland. — Méfie-toi: tu vas bientôt avoir peur des Rouges de Cincinnati et des Bas-Blancs de Chicago. — Tu potasses la question, hein? Et puis tu me racontes tout quand je reviens. — Tu crois pas qu’on devrait acheter un billet de loterie qui se termine par un quatre-vingt-cinq? Demain, c’est le quatre-vingt-cinquième jour. — C’est une idée, - dit le gamin. Mais qu’est-ce que tu dirais du quatrevingt-sept de ton fameux poisson? — Ces choses-là n’arrivent pas deux fois. Crois-tu que tu pourras trouver un quatre-vingt-cinq? — Je pourrais en commander un. — Un dixième. Ça fait deux dollars et demi. À qui c’est-y qu’on va les emprunter? — Bah! C’est pas dur. Je trouverai toujours bien deux dollars et demi. — Moi aussi, peut-être. Mais j’essaie de pas emprunter. Tu commences par emprunter et bientôt te voilà mendiant. — Couvre-toi bien, grand-père, - dit le gamin. Oublie pas qu’on est en septembre. — Le mois des grands poissons, - dit le vieux. N’importe qui peut se faire pêcheur en mai. — Allez, je m’occupe des sardines! - dit le gamin. Quand le jeune garçon revint, le vieux dormait dans son fauteuil et le soleil était couché. Le jeune garçon enleva du lit la vieille couverture militaire et la disposa par-dessus le dossier du fauteuil sur les épaules du vieux. C’étaient de curieuses épaules puissantes en dépit de la vieillesse; le cou aussi conservait de la force: on en voyait moins les stries dans cette posture de sommeil qui maintenait la tête penchée en avant. La chemise du vieux avait tellement de pièces qu’elle ressemblait à la voile de sa barque; ces pièces avaient pris en se fanant mille teintes variées. La tête, elle, était très vieille. Ce visage aux yeux fermés n’avait plus l’air vivant. Le journal était étalé sur les genoux du vieux; le poids de son bras le défendait contre la brise du soir. Le vieux était pieds nus. Le gamin le laissa à son somme et s’absenta de nouveau. Quand il revint, le vieux dormait toujours. — Réveille-toi, grand-père, - dit le gamin en posant la main sur le genou du vieux. Le vieux ouvrit les paupières et mit un bon moment à sortir des profondeurs de son rêve. Puis il sourit. — Qu’est-ce que c’est que t’as là? - demanda-t-il. — Le dîner, - dit le gamin. On va dîner. — J’ai pas bien faim. — Allez, viens manger. Tu peux pas aller pêcher si tu manges rien. — Ça m’est déjà arrivé, - dit le vieux en se levant et en repliant le journal. Il commença à plier la couverture. — Garde la couverture sur toi, - dit le gamin. Tant que je serai vivant, t’iras pas à la pêche le ventre vide. — Bon. Tâche de vivre longtemps et de prendre soin de toi, - dit le vieil homme. Qu’est-ce que tu nous offres? — Des haricots noirs avec du riz, des bananes frites et du ragoût. Le gamin avait été chercher tout cela à la Terrasse et le rapportait dans une gamelle. Les couteaux, fourchettes et cuillers pour deux étaient dans sa poche, enveloppés de serviettes en papier. — Qui c’est qui t’a donné tout ça? — Martin le patron. — Faudra que je le remercie. — T’as pas besoin, - dit le gamin. Je l’ai déjà remercié. — J’y donnerai les filets de dessous d’un grand poisson, - dit le vieux. Est-ce qu’il nous a déjà donné des choses, comme aujourd’hui? — Je crois. — Alors, les filets de dessous, ça suffit pas. Je lui donnerai davantage. Il est généreux, cet homme-là. — Y a aussi deux bouteilles de bière. — Moi, j’aime mieux la bière en boîte. — Je sais bien, mais celle-là, elle est en bouteille, c’est de la bière Hatuey; je lui rapporterai les bouteilles vides. — T’es bien gentil, - dit le vieux. Alors, c’est-y qu’on mange? — Je te l’ai déjà proposé, - dit le gamin avec douceur. Je voulais pas ouvrir la gamelle avant que t’en aies envie, tu comprends. — Ben je suis prêt maintenant, - dit le vieux. Fallait seulement le temps de me laver. «De te laver où?» - se demanda le gamin. La fontaine publique était à deux rues de là. «Faudra que je lui apporte de l’eau, songea le gamin, et du savon, et une bonne serviette. Je pense vraiment à rien. Faudra lui trouver aussi une autre chemise et un paletot pour l’hiver, et puis des chaussures, et puis une autre couverture.» — Il est fameux ton ragoût, - dit le vieux. — Alors, le base-ball? - demanda le gamin. — Dans le match de l’American League, c’est les Yankees, je te l’avaist-y pas dit? - dit le vieux, joyeusement. — Aujourd’hui, ils ont perdu, - dit le gamin. — Ça veut rien dire. Le grand Di Maggio, il a retrouvé sa forme. — Y a d’autres joueurs dans l’équipe. — C’est une affaire entendue. Mais c’est lui qui compte. Dans l’autre match entre Brooklyn et Philadelphie, moi je parie que c’est Brooklyn qui gagne. Je pense toujours à Dick Sisler. Dans le vieux Parc, il te réussissait de ces coups!… — J’ai jamais vu quelqu’un lancer la balle comme ça, aussi loin. — Tu te rappelles quand il venait à la Terrasse? Je l’aurais bien emmené à la pêche, moi, mais question de lui demander, j’ai pas osé! Et toi, pour lui dire, t’étais pas plus courageux que moi. — Je sais. On a eu rudement tort. Peut-être qu’il serait venu avec nous. Tu te rends compte: un souvenir comme ça! — Ce que j’aimerais emmener le grand Di Maggio à la pêche! - dit le vieux. Son père, paraît que c’était un pêcheur aussi. Il était pauvre comme nous, si ça se trouve. Il comprendrait. — Le père du grand Sisler, il a jamais été pauvre, la preuve, c’est qu’il jouait déjà dans les grands matches quand il avait mon âge, le père. — Quand j’avais ton âge, moi je grimpais au mât d’un bateau à voiles qui faisait les côtes d’Afrique, et j’ai vu des lions, le soir sur les plages. — Je sais. Tu m’as raconté. — On parle-t-y de l’Afrique ou du base-ball? — Plutôt du base-ball, - dit le gamin. Dis-moi et le grand John J.McGraw? (L’enfant disait Jota pour j.) — Lui aussi il venait souvent à la Terrasse dans le temps. Mais il était grossier et bagarreur, avec ça qu’on pouvait plus le tenir quand il avait bu. Il s’intéressait aux courses au moins autant qu’au base-ball. En tout cas, il avait toujours les poches pleines de listes de chevaux et il disait souvent des noms de chevaux au téléphone. — C’était un grand organisateur, dit le gamin. Mon père il pense que c’était le plus grand de tous. — C’est parce qu’il venait ici plus souvent que les autres, - dit le vieux. Si Durocher avait continué à venir ici tous les ans, ton père aurait trouvé que c’était lui le plus grand organisateur. — À ton avis, qui est le plus grand organisateur? Luque ou Mike Gonzalez? — Je crois qu’ils se valent. — Et le meilleur pêcheur, c’est toi. — Non. Y en a de meilleurs. — Qué va, - dit le gamin. Y a beaucoup de bons pêcheurs et puis y a des très grands pêcheurs. Mais y en a qu’un comme toi. — Merci, petit. Tu me fais bien plaisir. J’espère que je ne rencontrerai jamais un poisson tellement costaud qu’il te fasse mentir. — Si t’es aussi costaud que tu le dis, ce poisson-là, il existe pas. — Peut-être que je suis pas aussi costaud que ça, - dit le vieux. Mais je connais des tas de trucs et je suis têtu. — Tu devrais te coucher maintenant pour être d’attaque demain. Je vais rapporter tout ça à la Terrasse. — Eh bien, alors, bonsoir. Je te réveillerai demain matin. — C’est toi qu’es mon réveille-matin, - dit le gamin. — Moi, c’est mon âge qu’est mon réveille-matin, dit le vieux. Pourquoi que les vieux se réveillent tôt? C’est-y pour avoir des jours plus longs? — Je sais pas, dit le gamin. Tout ce que je sais, c’est qu’à mon âge, à moi, on dort tard et qu’on a du mal à se réveiller. — Je me souviens encore de ce temps-là, dit le vieux. Je te réveillerai bien à l’heure. — J’aime pas quand c’est lui qui me réveille. Ça me donne l’impression d’être son inférieur. — Je sais. — Dors bien, grand-père.
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