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Новелла «Страх» (La Peur) на французском языке, Стефан Цвейг – читать онлайн

Книга «Страх» (La Peur) на французском языке – читать онлайн, автор – Стефан Цвейг. Новелла «Страх» (La Peur) была написана Стефаном Цвейгом в 1913-м году, а издана лишь 1920-м. Другая особенность этой книги состоит в том, что существует 2 версии новеллы: полная версия (это оригинал), и короткая версия, которая была опубликована спустя 5 лет после публикации полной версии. По сюжету новеллы «Страх» (La Peur) были сняты фильмы странах мира в разные годы. Позже новелла «Страх», как и многие другие произведения Стефана Цвейга, была переведена на многие самые распространённые языки мира.

Другие произведения самых известных писателей всего мира можно читать онлайн в разделе «Книги на французском языке». Для детей будет интересным раздел «Сказки на французском языке».

Для тех, кто самостоятельно изучает французский язык по фильмам, создан раздел «Фильмы на французском языке с субтитрами», а для детей есть раздел «Мультфильмы на французском языке».

Для тех, кто хочет учить французский не только самостоятельно по фильмам и книгам, но и с опытным преподавателем, есть информация на странице «Французский по скайпу».

 

На этой странице выложен первый фрагмент новеллы, а ссылка на продолжение книги «Страх» (La Peur) будет в конце статьи. Теперь переходим к чтению новеллы Стефана Цвейга «Страх» (La Peur) на французском языке.

 

La Peur

 

Lorsque Irène, sortant de l'appartement de son amant, descendit l'escalier, de nouveau une peur subite et irraisonnée s'empara d'elle. Une toupie noire tournoya devant ses yeux, ses genoux s'ankylosèrent et elle fut obligée de vite se cramponner à la rampe pour ne pas tomber brusquement la tête en avant.

Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait cette dangereuse visite et ce frisson soudain ne lui était pas inconnu; toujours, en repartant, malgré sa résistance intérieure, elle succombait sans raison à ces accès de peur ridicule et insensée.

Pour venir au rendez-vous, la chose était infiniment plus facile. Après avoir fait stopper la voiture au coin de la rue, elle franchissait avec rapidité et sans lever la tête les quelques pas qui la séparaient de la porte cochère et montait précipitamment les marches; cette première crainte où il y avait aussi de l'impatience se fondait dans la chaude étreinte de l'accueil. Mais plus tard, quand elle s'en retournait chez elle, un nouveau frisson mystérieux la parcourait auquel se mêlaient confusément le remords de sa faute et la folle crainte que dans la rue n'importe qui pût lire sur son visage d'où elle venait et répondre à son trouble par un sourire insolent. Déjà les dernières minutes auprès de son amant étaient empoisonnées par l'appréhension de ce qui l'attendait. Quand elle était prête à s'en aller ses mains tremblaient de nervosité, elle n'écoutait plus que distraitement ce qu'il lui disait et repoussait hâtivement ses effusions.

Partir, tout en elle ne voulait plus que partir, quitter cet appartement, cette maison, sortir de cette aventure pour rentrer dans son paisible monde bourgeois. Puis venaient les ultimes paroles qui cherchaient en vain à la calmer, et que, dans son agitation, elle n'entendait plus. Et c'était enfin cette seconde où elle écoutait derrière la porte, pour savoir si personne ne montait ou ne descendait l'escalier. Dehors l'attendait déjà la peur, impatiente de l'empoigner et qui lui comprimait si impérieusement le coeur que dès les premières marches elle était essoufflée.

Elle resta ainsi les yeux fermés pendant une minute, respirant avidement la fraîcheur crépusculaire qui flottait dans l'escalier. Soudain, à un étage supérieur, une porte claqua: effrayée, elle se ressaisit et descendit vivement, tout en ramenant contre son visage d'un geste machinal l'épaisse voilette qui le couvrait. Maintenant il y avait encore un moment terrible, il s'agissait de sortir d'une demeure étrangère et de gagner la rue; elle baissa la tête comme un sportsman qui prend son élan pour sauter et fonça subitement vers la porte cochère entr'ouverte.

Elle heurta une femme qui semblait justement vouloir entrer. «Pardon», fit-elle, troublée, en même temps qu'elle s'efforçait de passer. Mais la personne lui barra la porte de toute sa largeur et la dévisageant avec colère et mépris s'écria d'une voix dure et sans retenue:

— Je vous y attrape enfin. Bien entendu, c'est une honnête femme, une soi-disant honnête femme! Elle n'a pas assez de son mari, de son argent et de tout ce qu'elle a, il faut encore qu'elle débauche l'ami d'une pauvre fille...

— Pour l'amour de Dieu... Qu'avez-vous?...

Vous vous trompez!... balbutia Irène, tout en tentant avec maladresse de s'échapper; mais de son corps massif la fille boucha de plus belle l'entrée et cria d'une voix perçante:

— Non, je ne me trompe pas... Je vous connais... Vous venez de chez Edouard, mon ami... Maintenant que je vous y ai enfin prise, je sais pourquoi il a si peu de temps à me consacrer ces derniers jours... C'est à cause de vous... Espèce de...!

— Pour l'amour de Dieu, interrompit Irène d'une voix blanche, ne criez pas comme cela, et involontairement elle recula sous le portail.

La femme la regarda, goguenarde: cette peur qui la faisait vaciller, cette détresse manifeste semblaient l'amuser et elle se mit à examiner sa victime avec un sourire railleur, empreint de satisfaction. Sa voix s'épanouit, devint presque joviale.

— Voilà donc comme elles sont, les femmes mariées, les belles dames distinguées, quand elles nous volent nos hommes! Elles portent une voilette, une épaisse voilette pour pouvoir, après, jouer à l'honnête femme...

— Quoi?... Que me voulez-vous?... Je ne vous connais pas... Il faut que je m'en aille...

— Vous en aller... oui... chez monsieur votre mari, dans un appartement bien chauffé, pour y poser à la grande dame et se faire déshabiller par des domestiques... Ce qu'on fait, nous autres, si on crève de faim ou pas, vous vous en fichez, hein... Ces honnêtes femmes, ça chipe même la seule chose qui nous reste...

Irène s'efforça de se ressaisir, et, obéissant à une vague inspiration, plongea dans son sac et y prit tout l'argent qui lui tomba sous la main. «Tenez, voici... Mais à présent laissez-moi... Je ne reviendrai jamais plus... Je vous le jure.»

Le regard mauvais, la femme empoigna l'argent. «Garce», murmura-t-elle. Irène frémit sous cette insulte, mais voyant que l'autre lui laissait le passage libre, elle se précipita dehors, comme on se jette du haut d'une tour pour se suicider. Elle sentait, en courant, les visages glisser à ses côtés comme des masques grimaçants; elle atteignit péniblement une voiture arrêtée au coin de la rue. Elle se jeta sur les coussins, comme une masse, puis tout en elle devint immobile et rigide; lorsque au bout d'un certain temps le chauffeur, étonné, demanda à cette singulière cliente où elle voulait aller, elle le regarda comme ahurie, jusqu'à ce que son cerveau engourdi eût enfin saisi ses paroles. «A la Gare du Sud», lançat-elle hâtivement; et soudain, l'idée lui venant que la personne pourrait la suivre: «Vite, vite, dépêchez-vous!»

C'est seulement alors que la voiture filait qu'elle sentit combien cette rencontre l'avait tou chée. Elle joignit ses mains qui pendaient le long de son corps, rigides et glacées comme des choses mortes. Soudain elle se mit à trembler si fort qu'elle en était toute secouée. Une saveur amère lui monta à la gorge, elle éprouva une espèce de nausée, en même temps qu'une fureur aveugle, insensée, lui convulsait la poitrine. Elle eût voulu hurler ou donner des coups de poing pour se délivrer de l'horreur de ce souvenir, enfoncé dans son cerveau comme un hameçon, pour ne plus voir devant elle ce visage méchant avec son rire goguenard, cette bouche malodorante et pleine de haine qui lui avait craché en pleine figure des paroles si infâmes, ce poing rouge dont la femme l'avait menacée. L'envie de vomir la serrait maintenant à la gorge d'autant plus que la voiture, roulant rapidement, la jetait à gauche et à droite; elle était sur le point de dire au chauffeur de ralentir, lorsqu'elle pensa, qu'ayant donné à la femme presque tout l'argent que contenait son sac, elle n'avait peut-être pas assez pour le payer. Vite, elle lui fit signe de s'arrêter, et, au nouvel étonnement du chauffeur, elle descendit brusquement. Par bonheur ce qui lui restait d'argent suffisait. Mais alors elle se vit seule dans un quartier étranger, au milieu d'un va-et-vient de gens affairés dont chaque geste et chaque regard lui causaient un mal physique. Et voici que ses genoux, comme ramollis par la peur, refusaient de la porter plus loin: il fallait pourtant qu'elle rentrât. Rassemblant ses forces, déployant une énergie surhumaine, elle se contraignit à avancer de rue en rue avec la même difficulté que si elle pataugeait dans un marais ou traversait un champ de neige. Enfin elle arriva devant chez elle et, maîtrisant sa nervosité pour ne pas éveiller l'attention, elle s'élança dans l'escalier.

A présent que la femme de chambre lui enlevait son manteau, qu'elle entendait son petit garçon jouer à côté avec sa soeur cadette et que son regard apaisé voyait partout des objets familiers, Irène reconquérait une apparence de calme, cependant que les vagues souterraines de l'émotion continuaient à battre douloureusement dans sa poitrine tendue. Elle ôta sa voilette, passa la main sur son visage avec le désir intense de paraître naturelle et entra dans la salle à manger où son mari lisait le journal devant la table mise pour le dîner.

— Il est un peu tard, ma chère Irène, fit-il sur un ton de doux reproche. Et se levant il déposa sur sa joue un baiser qui éveilla en elle une pénible sensation. Ils se mirent à table et il demanda avec indifférence, encore tout à son journal: «Où t'es-tu attardée?»

— J'étais... chez... chez Amélie... elle avait des emplettes à faire... et je l'ai accompagnée, ajoutat-elle déjà furieuse contre elle-même d'avoir si mal menti. D'ordinaire elle s'armait d'un mensonge bien étudié et pouvant faire face à toutes les possibilités de contrôle, mais aujourd'hui la peur lui avait fait oublier de prendre ses dispositions, d'où cette improvisation malhabile. Si son mari téléphonait à l'amie pour se renseigner, comme dans la pièce de théâtre qu'ils avaient vue récemment?

— Qu'as-tu donc?... Tu me parais nerveuse...

Pourquoi gardes-tu ton chapeau? demanda son mari. Elle tressaillit, se sentit de nouveau embar rassée et se précipita dans sa chambre pour l'enlever; là elle se mira dans la glace jusqu'à ce qu'il lui semblât que son regard inquiet était redevenu calme et sûr. Puis elle rentra dans la salle à manger.

La bonne servit le dîner, et ce fut un soir comme tous les autres, peut-être un peu plus silencieux, un peu plus froid que d'habitude, un soir où la conversation fut terne, pauvre et souvent trébuchante. Les pensées d'Irène revenaient sans cesse en arrière et tressaillaient d'épouvante en parvenant à l'instant où elle était venue buter contre la femme sinistre; pour se sentir en sécurité, elle levait la tête et son regard caressait les objets qui l'entouraient et dont chacun avait sa signification ou évoquait un souvenir particulier; alors elle éprouvait un léger apaisement. Et le calme mouvement d'acier de la pendule à travers le silence imprégnait imperceptiblement son coeur de sa cadence régulière.

***

Le lendemain, après le départ de son mari pour ses affaires et de ses enfants pour la promenade, lorsqu'elle fut enfin seule avec elle-même, l'affreuse rencontre, à la lumière d'un clair matin et de la réflexion, perdit beaucoup de son importance. Irène se souvint tout d'abord que sa voilette était très épaisse et que par conséquent il avait été impossible à cette femme de distinguer exactement ses traits. Posément, elle pesa toutes les mesures préventives. En aucun cas elle ne retournerait chez son amant — écartant ainsi la possibi lité d'une agression nouvelle. Il ne restait donc que le danger d'une rencontre fortuite, bien invraisemblable, puisqu'elle s'était enfuie en voiture et que la femme ne pouvait l'avoir suivie. Elle ne connaissait ni son nom ni son adresse, et il n'était pas à craindre qu'elle la reconnût après l'avoir vue d'une façon aussi vague. D'ailleurs, même dans le cas contraire, Irène était prête. Comme elle ne serait plus prise dans l'étau de la peur, elle pourrait avoir une attitude calme: elle nierait tout, soutiendrait froidement qu'il s'agit d'une erreur, et comme il n'existait aucune preuve de sa visite elle accuserait éventuellement la femme de chantage. Ce n'était pas en vain qu'Irène était l'épouse d'un des avocats les plus éminents de la ville; elle savait que le chantage ne peut être étouffé que dans le germe et par le plus grand sang-froid; toute hésitation, toute apparence d'inquiétude de la part de la victime ne pouvant qu'accroître l'audace de l'adversaire.

Sa première mesure de défense fut une lettre brève à son amant, annonçant qu'elle ne pourrait venir à l'heure convenue le lendemain ni les jours suivants. Son orgueil était blessé par cette découverte pénible qu'elle avait succédé dans les bras de son amant à une femme d'aussi basse catégorie; pesant ses mots avec haine, elle jouissait de la froideur avec laquelle elle faisait désormais dépendre leurs relations de son bon plaisir. Elle avait connu ce jeune homme, pianiste réputé, à une soirée et était bientôt devenue sa maîtresse, sans vraiment le vouloir et presque sans le comprendre. Son sang n'avait pas appelé celui de l'autre; rien de sensuel et presque rien de psy chique ne l'avait liée à lui; elle s'était abandonnée sans besoin, sans grand désir, par une certaine paresse de volonté et par une sorte de curiosité inquiète. Rien en elle, ni son sang complètement apaisé par le bonheur conjugal, ni le sentiment, si fréquent chez la femme mariée, de mener une vie intellectuelle rabougrie, ne la poussait à prendre un amant. Blottie paresseusement dans la tranquillité d'une existence bourgeoise et confortable, elle était tout à fait heureuse aux côtés d'un mari fortuné, qui lui était intellectuellement supérieur, et de leurs deux enfants. Mais il est une mollesse de l'atmosphère qui rend plus sensuel que l'orage ou la tempête, une modération du bonheur plus énervante que le malheur. La satiété irrite autant que la faim, et la sécurité, l'absence de danger dans sa vie éveillait chez Irène la curiosité de l'aventure. Lorsque le jeune artiste entra dans son monde bourgeois où les hommes, d'ordinaire, rendaient hommage à la jolie femme qu'elle était en lui servant de fades plaisanteries et en lui faisant une cour respectueuse, sans véritablement la désirer, elle se sentit, pour la première fois depuis son adolescence, frémir au plus profond d'elle-même. Rien d'autre en lui, peut-être, ne l'avait attirée qu'une ombre de tristesse flottant sur son visage un peu trop régulier. Dans cette mélancolie, étrangère aux gens rassasiés qui l'entouraient, elle avait cru voir un monde supérieur et, involontairement, elle s'était penchée au-dessus de sa vie quotidienne pour le contempler. Un mot d'éloge, prononcé sans doute avec plus d'ardeur qu'il n'eût été convenable, fit lever la tête de l'artiste vers son admiratrice. Et ce premier regard, déjà, empoigna Irène. Un frisson de peur et de volupté la parcourut; une conversation, où tout lui semblait illuminé et chauffé à blanc par des flammes souterraines, occupa et excita ensuite sa curiosité déjà éveillée au point qu'elle ne chercha pas à éviter une nouvelle rencontre à un concert public. Ils se revirent souvent, et bientôt ce ne fut plus l'effet du hasard. Fière de tellement intéresser un véritable artiste, de le comprendre et de le conseiller, comme il l'en assurait sans cesse, elle céda étourdiment quelques semaines plus tard au désir qu'il lui exprima de jouer sa nouvelle oeuvre chez lui, pour elle, pour elle seule. Promesse peut-être à demi sincère, mais bientôt noyée sous les baisers et finalement oubliée dans l'abandon surpris d'Irène. Le premier sentiment de celle-ci fut l'effroi devant la tournure sensuelle inattendue qu'avaient prise leurs rapports: le charme de leurs relations était brusquement rompu, et le chatouillement vaniteux d'avoir renié, par une décision qu'elle croyait sienne, le monde bourgeois où elle vivait, ne calmait que partiellement le remords de l'involontaire adultère. Sa vanité changea en orgueil le frisson de la faute qui l'avait effrayée les premiers jours. Mais tout cela n'eut vraiment de valeur qu'au début. L'instinct d'Irène s'opposait à cet homme, et surtout à cet élément nouveau, particulier, qu'elle sentait en lui et qui avait séduit sa curiosité. Si son jeu la grisait, dans l'intimité sa passion la troublait; au fond, elle n'aimait guère ces étreintes brusques et impérieuses dont elle comparait sans le vouloir la rudesse tyrannique aux gestes tendres de son mari, que les années de mariage n'avaient pas rendu moins déli cat. Mais une fois tombée dans l'infidélité, elle revenait encore et toujours au pianiste, ni comblée ni déçue, par une sorte de devoir, par habitude. Quelques semaines plus tard, elle avait déjà assigné à son jeune amant une place bien définie dans son existence et lui accordait un jour par semaine, comme à ses beaux-parents; mais cette nouvelle relation ne l'avait fait renoncer à rien de son ancien système de vie; au contraire, elle y avait ajouté quelque chose. Bientôt l'amant devint un supplément de bonheur, tel un troisième enfant ou une nouvelle voiture, et sa liaison lui parut aussi banale que l'amour permis.

Aujourd'hui que le danger était là, qu'elle allait devoir payer le prix de son aventure, elle se mit à en calculer mesquinement la valeur. Gâtée par le sort, dorlotée par sa famille, presque sans désirs du fait de sa richesse, elle se sentait déjà meurtrie par ce premier désagrément. Tout de suite elle se refusa d'abandonner quoi que ce fut de son insouciance morale et fut prête à sacrifier sans hésitation son amant à ses aises.

La réponse de celui-ci, une lettre effrayée, nerveuse, hachée, apportée le même jour par un messager, une lettre qui implorait, se lamentait et accusait, ébranla cependant sa décision de mettre fin à l'intrigue. La violence de cet amour flattait sa vanité, ce désespoir sans bornes la ravissait. De la façon la plus pressante son amant la suppliait de lui accorder un entretien, si bref fut-il, afin qu'il pût au moins connaître sa faute, au cas où il l'aurait blessée sans le savoir. Alors un jeu nouveau la tenta: bouder sans explications pour être encore plus désirée. Elle lui fixa un rendez-vous dans une confiserie, où elle se souvint tout à coup avoir rencontré un acteur, lorsqu'elle était jeune fille. Il est vrai que cette rencontre candide et pure de naguère lui semblait à présent puérile. Elle souriait intérieurement en pensant au romantisme qui refleurissait dans sa vie, après s'être desséché dans le mariage. Au fond, elle était presque contente de l'histoire de la veille qui lui avait fait éprouver, pour la première fois depuis bien longtemps, un sentiment vrai, d'une telle force, d'une telle intensité que ses nerfs, d'ordinaire plutôt détendus, en palpitaient encore souterrainement.

 

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